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Le coin de Super Bruno
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26 novembre 2006

De la pertinence d'utiliser le sacre

Nous Québécois(es) sommes réputé(e)s entre autre pour cette particularité que l'on a de "sacrer".

Si par un hasard inexplicable un lecteur d'outre-mer ignore la signification du terme "sacrer", disons tout simplement qu'il s'agit de remplacer des termes exacts reconnus par les autorités en matière de langue française par des termes religieux. 

Par exemple, "je me suis donné un coup de marteau sur le pouce" devient "je me suis crissé un coup de marteau sur le pouce".  Le sacre (le juron) peut être utilisé comme verbe, comme qualificatif ou bien comme interjection.  (Je suis parfaitement conscient qu'il est mieux de dire "Je me suis frappé sur le pouce avec un marteau" au lieu de "Je me suis donné un coup", mais cette négligence du langage parlé illustre mieux mon propos).

L'usage du sacre est considérée de mauvais goût, étant jugé blasphématoire.

Je ne me ferai pas le défendeur de tous les utilisateurs du sacre du monde entier (quoique je doute qu'ils se retrouvent en très forte majorité à l'intérieur des frontières du Québec). 

Je veux expliquer en quoi mon utilisation du sacre est justement anti-blasphématoire et est même un éloge de notre patrimoine religieux catholique.

En fait pour moi l'utilisation du sacre est pertinente dans la mesure où il devient plus efficace que n'importe quel mot reconnu officiellement correct par les autorités qui légifèrent en matière de langue française.

Rien de mieux que quelques exemples pour illustrer mon propos:

  • Pour décrire la magnificience du Grand Canyon, je pourrais dire: "C'est magnifique!" ou bien "C'est le paysage le plus spectaculaire que j'ai vu de ma vie!".  C'est beau ainsi, mais ça ne fait pas honneur à ce paysage fantastique.  En disant: "C'est beau en tabarnac!" (pour tabernacle), je vais au-delà de l'expérience théorique d'appréciation de la beauté du paysage:  avec le sacre, c'est mon coeur qui parle, l'expérience devient pratiquement mystique, voire religieuse, car toute ma personne est en admiration.  Les mots convenables, reconnus n'arrivent pas à traduire l'expérience vécue lorsque notre regard se pose pour la première fois sur le Grand Canyon.

  • Dans le cas de "Je me suis crissé un coup de marteau sur le pouce", le terme crissé est intéressant car il démontre une certaine détresse physique comme intellectuelle.  En effet, quand un tel accident nous arrive on ne se considère par particulièrement intelligent.  Si j'aurais voulu m'exprimer correctement pour faire comprendre mon expérience vécue à ce moment là, j'aurais dit: "Je me suis donné un coup de marteau sur le doigt.  C'est douloureux, et je m'en veux d'avoir été aussi maladroit.  Cette négligence était d'une telle stupidité!".  Le terme "crissé" ici sert de synthèse très efficace. 

Avec ces deux exemples anodins, vous comprendrez que l'usage du sacre va de soi.  Loin d'être blasphématoire, il est très respectueux de la religion; en effet, il sert à expliquer de la manière la plus efficace qui soit une expérience intense vécue.  Et on le sait, le sentiment religieux à la base s'appuie sur une impression très forte à la fois de crainte et d'admiration.  C'est donc tout naturel qu'on l'utilise.

Par contre, cela doit se faire avec parcimonie:  une expérience intense est reconnue comme telle en opposition avec une expérience qui ne l'est pas.  En sacrant tout le temps, on banalise la beauté du terme et il en perd toute sa richesse. 

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Commentaires
A
Tu sacres, toi!?!?!?!?!?!<br /> <br /> Tu viens de peter ma bulle! lolll<br /> <br /> <br /> :P
J
tu as crissement raison!
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